SCULPTURES ET POEMES

Marc Dray devant "l'Aviatrice aux bottes noires"


"La Voile déshabillée"

Il est temps de mouiller, de jeter l’ancre au fond de l’espérance.
Ô vois ce vol de cygnes noir et blanc qui nous rappelle que rien ne meurt
Lorsque nous sommes ensemble, blottis dans nos errances.
Que l’ambition humaine prend étrangement un goût de leurre.
La nuit est en instance. Nous sommes des étoiles qui ont fui le bonheur.
Abandonnées par choix logique à l’absolu et à sa danse.
Nos cœurs saignent, seules nos âmes pensent.
Protège-moi mon amour de l’absurde, de l’insoutenable et de la peur.


"La Renarde et l'Oiseau noir"
(lampe)

L’Oiseau noir tenait en son bec une lanterne
Maîtresse Renarde par la lumière attirée
Lui parla en ces termes :
«Vois comme je suis belle et comme je suis chaussée…»
Le volatile déploya sa belle queue en un mouvement externe.
Il admirait la belle et son superbe déambulé.
La carnassière était fort attirante et il paraissait terne.
Il ne pouvait ouvrir le bec, elle l’avait incendié.
Et qu’en adviendrait-il de sa mission d’éclairer la luzerne ?
Maîtresse Renarde ondula, prit des poses, amusée.
Entouré de lucioles, un lapin se posa, non loin de la caserne.
Maîtresse Renarde se déchaussa et glissa dans les herbes vers sa proie médusée.
L’Oiseau noir resta là, stupidement perché,
Avec son attribut au passé composé
Méditant sur sa branche son beau rôle d’officier subalterne.



"La Guerrière viking"
(masque)

Ce furent mille amazones guerrières
Qui débarquèrent sur le sol blond.
Leurs casques brillaient et leurs pas résonnèrent
Jusqu’au-delà de l’enceinte du palais, un bruit sourd, pénétrant au tréfonds.

Cette terre souffrait trop d’hommes avides,
Assoiffés de pouvoir et de sang.
Nous étions une poignée à résister, lucides,
A refuser depuis des lustres de rentrer dans le rang.

Ces femmes savaient notre souffrance.
Elles connaissaient le sens du mot justice.
Nous étions scarifiés pour montrer notre alliance.
Elles épargnèrent tous ceux qui, sous le cœur, étaient tatoués de leur calice.

Celle qui portait un heaume serti d’or
Posa son glaive sur ma joue,
Et me nomma premier consul de son état-major.
Un genou dans le sable, j’embrassai son ventre, où la cotte se noue.

Conduis-nous à ces chiens…
La voix cristal tinta sur mon armure.
En tête des officières, fier d’être leur éclaireur indien,
Je pris par la forêt et les sentiers recouverts de sciure.
Ce soir, nous boirions leurs vins et leurs liqueurs
Et leurs caresses feraient notre drapeau.


"Le Taureau à la botte rouge torera"

Le monde est une arène
Dangereuse, incertaine.
La force devient une certitude
Et la corne une abondance de volontés
Pour résister à l’insoutenable
Qui souffle, récurrent, sur la palissade des angoisses.
Combien de sirènes perfides tissent la toile
Et nous font croire d’un clic
Qu’il est facile de vaincre en atteignant les leurres ?
La force se gagne aux vents et aux marées,
Aux larmes et aux désirs, aux plaisirs,
Aux souffrances et aux combats.
Etre taureau et torero à la fois.
Passer les jours, les mois, les années.
Vivre debout, et trucider le doute, le fade, l’insipide.



"Le Tabouret tauromachique"


"La Naïade au sein blanc"
(lampe)


J’eus soif de lumière dans ce noir trop intense.
Mon rêve se blessait doucement aux berges du ruisseau.
De grosses pierres ovoïdes perturbaient le silence,
Lisses et semblant disposées comme un chapelet d’anneaux.
Mon rêve était trop seul, il redoutait les absences.
Je la vis émerger des remous qu’elle figea en cerceaux
Pour y sauter dedans.
Elle dicta au ruisseau devenu d’un coup torrent
et la mesure et la cadence.
Et l’éclat de son sein colora toute l’eau,
Qui devint blanche. Et par endroits, en transparence,
Je voyais le reflet de mon double troublé
comme quand la scène appréhende le rideau…
Mais la Naïade me souffla mon texte
car j’avais su retenir sa préférence
En écourtant ma nuit pour qu’elle panse ma douleur
cerclée de plomb dans un arceau.


"L'Avocate et le Voleur d'escarpins"
(lampe)



Elle arpente, l’avocate, et plaide, ardente.
Quinze mètres de prétoire pour que résonne son éloquence.
Sa robe virevolte quand le verbe devient dense.
L’accusé voit la belle gagner la première manche
Et se sent déjà libre de voler de nouveau dans les branches…
Madame la procureur frappe le parquet plus fort et tranche.
Les hauts talents se mesurent et se toisent, l’incertain est immense.
La présidente décidera, entre femmes, quelle sera la sentence
Et jugera le voleur d’escarpins et ses belles offenses.


"Vipère au pied "
(lampe)

Cette rousse divine logeait au 2,
Impasse du Point-du-Jour.
J’habitais à l’hôtel, faute de mieux.
Et raturais des pages en quête de rimes d’amour.
Insomniaque, je maudissais mon personnage
Que je trouvais statique et, à vrai dire, bien creux.
Au-dessus de mon lit, quelques fétiches glamour
Du temps où l’on m’appelait Marco Coltese.
De ces temps victorieux…
Une heure du mat. Juste sous ma fenêtre résonnent fort les aiguilles.
Comment s’arrête ce putain de réveil ? Magique atour…
Douze pas à gauche, dix pas à droite. Torticolis à la izquierda…
Ô chaloupes de mes naufrages et de mes horizons trop paresseux…
Je me penche au balcon. Pardon, j’étais là avant vous, c’est mon tour…
Passe-passe. Présents et passés composés.
La belle est invisible, je la cherche, le regard consciencieux…
La glycine étend ses lianes en façade tout autour.
A trop vouloir et vouloir voir, Pythagore m’abandonne, malicieux…
La branche de mon salut n’a pas d’à priori, elle n’est ni contre ni pour…
Je sens une longue morsure au bras, puis la chaleur étrange d’un élixir soyeux…
Son venin me pénètre, encre bleu outre-mer de velours ;
Ses crocs seront mes plumes. Pour écrire. L’âme acérée et les yeux silencieux.


"Le Marchepied de la Pharaonne"



L’Egyptienne fait allonger ses mâles à l’aube de ses nuits.
L’heure du rituel des pompes aux pieds est immuable.
Exécution, menton relevé, sur l’impérial orteil qui luit,
Cambré dans le croco offert dans un silence sans bruit.
La reine toise, attentive, et apprécie l’effort même quand elle le juge passable
Car de leur passion de lui plaire germe de juteux fruits
Que des filles numides lui serviront à table
Dressée devant son Nil. Et c’est là qu’Elle décide et c’est là qu’Elle choisit
Celle ou celui parfois ceux qui partageront son lit.


"Le Trône de la Pharaonne"

* "La Pécheresse et le poisson-lune "
(lampe)



L’immense bassin en forme de goutte
S’illumine aux heures noires de la nuit.
Cette femme vient y pécher. Seule. Nue, charnelle.
Ornée d’escarpins fauves à brides.
Le poisson-lune est là, chaque fois.
Leçons de choses apprises sur nacre en mosaïque.
Le poisson-lune brille, car elle est son soleil.
Et il se gonfle, miroir.
Et elle se pâme et cherche ses caresses.
Et elle les trouve en écartant l’écaille.
Dans le bassin, les nénuphars frissonnent.
L’index motus, elle dirige l’orchestre de son blasphème aux astres,
Le roi n’est pas encore levé.
La fontaine prend l’eau et le poisson la fable.
Et elle en tremble jusqu’aux étoiles.
Elle a péché debout et jusqu’au bout. Le son de choses omises.
Elle empruntera tout le pourtour, escarpine et féline.
Pour intimer au poisson-lune d’être à son poste lors du prochain désir.
Pour qu’il espère le beau tempo de ses mules bleues à hauts talons marine.


"L'Aviatrice aux bottes noires"


Flash back sur mes tarmacs,
Aérodrome ma chambre, couloir tribord piste d’envol.
Buenos Aires, ses tangos. Enfin seul, enfin libre.
Papa, l’oncle Charlie sont partis à Carnac.
Je me sens important dans ce fauteuil où elle s’assied.
J’ajuste mes manches et j’arrange mon col.
La patronne s’approche. Elle pète le feu. Me voilà pris de trac
Que fais-tu donc ici jeune fol ?
J’inspecte les moteurs ça fait de drôles de bruits, madame, comme un énorme crac.
Vérifie les niveaux, graisse la pompe, remplis ma soute d’alcool.
Mécano scrupuleux, je m’étends sur le sol.
Ca tourne comme une horloge, j’ai réussi ric-rac.
Elle tend le bras et se saisit du manche qui répond. J’ai du bol.
Je monte derrière, copilote, radio, navigateur. Obéir avec tact.
Elle prend plein est, tout droit vers ces atolls.
Les neiges noires et blanches, les phoques…
Je lui signale en morse qu’on atteint le premier lac.
Et elle s’en contre-branle, me dictant la genèse en hébreu, le reste en espagnol.


"L'Andalouse"
"La Scaphandrière à la perle"
(masque)



Mer d’huile. La crique sentait l’eucalyptus.
Paraissait immobile. Seul le silence était sonore.
On espérait l’exécutive, elle détenait le papyrus.
Ses pas sur le ponton en de parfaits accords
Déjouant les pièges algues et coraux agrippés en humus…
Médusé, l’équipage et bienvenue à bord.
Verseau, la belle, espérances Uranus.
Elle revêtit le corsage des hauts fonds, le grand masque d’abord.
Elle déplia son parchemin, l’index sur ses lèvres motus,
Puis le pointa sur le point noir et or.
Elle descendit lentement le long du câble,
Les mètres s’affichaient l’un après l’autre en score.
Plongée de nautilus.
Elle vit soudain la perle qui donnait la réponse à tout ce qu’on ignore
Dans une immense nacre vierge d’olibrius…
S’acquitta de ses doutes, respecta le trésor.
Elle remonta, escortée d’hippocampes qui nageaient en chorus,
Mentit au commandant, avide d’histoires et de décors,
Simula d’être bredouille et les berna, machiavelle espionne russe.

"La Lampe du claque"



La brume tamise Londres.
God save maquerelle,
Impasse des fantasmes, inquiétante pénombre.
Douce odeur de gibier à la sauce d’airelles…

Sonnet en bouton de sein
Deux talons claquent, judas mystère.
Espérer le visa, ne pas faire le malin…
Mériter les alcôves tapissées de panthère.

Soirées-étapes, menus d’affaires
Suppléments à la carte,
Cocktail épicés qu’on avale pour se taire
Et pour dessert, distribution de tartes…

A l’aube qui apaise,
Le liquide est tiré
Cash-flow zéro, compte en rouge sous les braises.
Le temps n’a pas éteint cette lampe allumée.


"La Sexophoniste"




Elle jouait si bien l’instrumentiste,
Tout l’orchestre la suivait, à l’instar du banjo.
Chapeau, la belle artiste !
Elle avait fait la gloire du bal à Jo,
Avec son blues aux notes altistes.
Les danseurs argentins délaissaient le tango
Et déposaient leurs larmes à ses pieds altruistes.
Les oreilles mâles bandaient en écoutant ses mélodies circonflexes sur l’ô.
Et tous faisaient la queue pour admirer la féministe.
Elle savait la musique de l’amour et connaissait l’excès de ses galops.
Les touches magiques sous ses doigts twist
Obéissaient, musicales. A propos.
Elle leur faisait du bien. Exit l’issue sexiste.
Quatre as, le cœur en tête. Et standing ovation pour la virtuose saxo.


"Fusil pour dames"




Pas de mâle à se faire du bien.
Depuis des mois, il pleut sur le désir…
La drague est lasse d’alluvions jetées aux chiens.
Les ponts, jadis passerelles, sont trop hauts et soupirent.
La chasse est difficile et le gibier menu fretin…
Les fauves ont fui, désertant Agadir.
Ils comptent leur espèce et planquent leurs instincts.
Trop de battues, trop de rabatteuses de pire…
Pourtant l’affût est à la porte du regard, même quand la nuit s’éteint.
A l’aube, le carnassier devient fragile et aime se blottir.
Son attribut est subjonctif, presque pubien.
Il peut tomber dans un piège séraphin…
Il est tiré et on l’entend rugir.
Blessé au flanc, à vous de faire le lien.
Chasseresse caressante, vous êtes dans la cible, son cœur est votre mire.



"La Balade du Pygmée"

Le Pygmée ignorait la fatigue
Il poursuivit sa course en laissant sa pirogue.
La vague gifla la proue, elle s’échoua sur la digue.
Le port sous la brume semblait un épilogue.

Le port était une ville.
Capitale d’espérances et d’attentes,
D’impasses par cent, par mille…
Une jungle violente.

Tout y était trop grand pour le petit sorcier.
Une blonde si grande qu’on eut dit une girafe,
Marchait le long du building en acier.
Elle sentait bon, le Pygmée la suivit, épitaphe.

La blonde poussa la porte rouge d’un bain qui semblait turc.
Le Pygmée, aspiré, le nez dans les froufrous,
Pigea d’un coup le truc.
Vestiaire des félines. La dame ôta tous ses atours, déplia ses atouts.

Les parfums et les huiles sonnèrent le voyageur.
L’agitation était trop grande, il fallait se cacher.
Dans cette ville perverse, il serait vite jugé voyeur.
La bottine était une bonne idée. S’y blottir, s’y feutrer…

Le choix fut judicieux,
Car la Viking changeait souvent d’habits.
Le Pygmée s’appropria ce beau trophée précieux.
Et puis rentra chez lui pour raconter cet ubuesque récit.


"Prédatrices au perchoir"
(lampe sur trépied)

Biarritz, été indien, fin du XXe siècle

Bronzée jusqu’aux racines,
La sève prédatrice,
Elle commanda un loup au Bar des Glycines.
Ce bar était ma planque et j’y matais mes belles inspiratrices.
Elle m’ignora, ou fit semblant, subtilement fine.
Je tentais l’ouverture au milieu du filet, périlleux exercice.
Des appâts plein les seins, elle me sourit, divine.
La cheville paso doble et le pied artifice,
Elle joua au chalut, ferra mes sens, très en sourdine.
L’hameçon se balançait en émotion profanatrice.
Putain la garce ! De requin je passais à sardine…
Elle naviguait au gré de ses caprices,
Je n’en sus guère plus, même pas le numéro de sa cabine…
Son rire fut un envol et j’étais au supplice.
Elle me tendit sa main, racée et arlequine,
Et murmura une satisfaction épicée de malice.
Les lèvres dauphines, je me pliais au jeu de mon imprécatrice.
Elle replia ses Elles, en concluant, vague et marine.
Le désir, puissante déferlante, est un envahissant délice.
La démarche en sillage, elle s’éloigne, cristalline…
Lui envoyer l’épreuve en poste restante d’eaux profondes, qu’elle en soit détentrice.


"La Société anonyme de femme à tête de femme"

(Du bonheur d’être sous les ordres d’une exécutive…)


La finance est un art martial.
Il faut séduire et caresser. Et il faut mordre.
La présidente est belle. Son jeu semble souvent glacial.
Et ses chargés d’affaires prennent de belles branlées
S’ ils s’éloignent trop des ordres.
Madame impose un reporting fatal.
Le flatteur est viré sur-le-champ, sa vanité non essorée, à tordre.
L’incompétent, c’est pire. Car le faux pas conduit direct au terminal.
Madame la présidente place la barre au cran inaccessible,
Aucune autre femelle dans ce building de loups. Elle s’impose, inflexible.
Elle marque son staff de son empreinte, le mène plus loin que l’exigible.
Elle connaît toutes les bourses, leurs potentiels et leurs possibles.
Femme. Dominatrice. Forte parce que fragile à cœur par cœur,
elle maîtrise le sensible.
Le mâle qui postule doit la séduire et apporter la preuve tangible
Qu’il aime la vie plus que l’argent, ce vulgaire combustible,
Pour mériter de porter ses couleurs et se battre pour Elle, d’un talent invincible.



(lampe, détail de la tête de femme)

* "Gala l'Africaine"



Voici Gala, l’Africaine qui aime briller dans les endroits très à la mode.
Elle sait toutes les ficelles
Et se débrouille pour porter le dress code.
Elle a quitté sa terre natale et vendu sa parcelle
Pour ressembler à celles qui poussent à l’exode.
Elle a pleuré des larmes noires en plongeant la vaisselle
Et chantonné sa nostalgie aux filaments d’une lampe triode.
Cela fait trop longtemps qu’elle singe
tous ces modèles glacés dénués d’amour et de cervelle.
Les rythmes de son Afrique et le sang du soleil, eux, ne sont jamais en soldes.
Et ils lui appartiennent. De plein droit. Ce soir, Gala fera des étincelles…
Elle chamboula son apparence et mit tout à l’envers.
Ce fut une bouffée d’air et d’iode.
Elle pénétra, étoile ethnique, au bar branché.
Capta tous les regards et devint celle qui ensorcelle.


* "La Chatte de la maîtresse"



La chatte ronronne aux pieds de sa maîtresse,
Et coule des jours heureux.
Au fond, cela n’est pas si mal
De goûter les caresses,
En remuant doucement la queue…
De miauler l’ode à la paresse
Et de dresser l’oreille aux froissements silencieux.
De cet intemporel qui domine sans cesse.
Les griffes seront tisons quand rouge sera le feu,
Brûlante l’offrande dans le calice, et grandiose la messe.


* "Le Toutou à Madame"

(lampe)

"Le Flotteur"


Je flotte au centre du milieu érigé…
Saintes putains, mères de mes pulsions.
Elles qui m’ont tant aidé à les avoir domptées.
Je suis devenu corsaire aux multiples missions.
Leurs parfums dans le vent, effluves rescapés
De leurs fastes éternels, inestimables leçons,
Retombent en larmes étoilées sur mon avoir été.
Le déluge et l’angoisse qu’il nourrit ne sont plus une fiction.
Mon enfance me taraude, lorsque tapi dans l’Arche de Noé,
Je confiais à mon ours mes précoces tourments de tout petit garçon.
Nous hésitions entre Angélique et Démonia,
la plantureuse et la damnée…
Et puis j’ai pris le bac, clandestin, sans aucune mention.
Un long voyage qui m’a appris le pourquoi d’être né.
Et leurs empreintes marines, comme autant d’indicibles jalons.

* "The Daisy's Dance"
(lampe)


Daisy habite une cabane sur pilotis,
Face à son océan. Celui de ses ailleurs.
Elle a fui tous ceux qui font semblant et qui ignorent le sens du mot merci.
Elle a fui les e-mails qui forniquent dans l’USB et la Wi-Fi.
Et quand le soleil plonge et lui dicte son heure,
Daisy danse sur sa terrasse en n’écoutant que son envie.
Ses talons parlent aux vagues qui expirent leur ennui,
Leur écume, étalée à ses pieds, rythme doucement son cœur.
Etoile du ciel et de la mer, elle n’a plus d’ennemis.
Pétales dans la nuit, Daisy danse l’infini

"Corto Maltese et l'Amirale aux bottes mauves"



Corto flanqua l’esquif tout contre le vaisseau.
Il releva sa quille et monta, désarmé, jusqu’au pont.
De toutes les mers, celle des Sargasses est celle du renouveau.
Des femmes, rien que des femmes sur ce navire,
Quelques gouttes de peur perlèrent sur son front.
Bottée jusqu’à la cime des cuisses, campée sur l’arrogance,
L’Amirale toisa l’aventurier qui ose l’escale si dangereuse…
Je vous demande, Madame, de m’accorder le privilège de vous faire allégeance.
Quatre quartiers-maîtresses aux formes généreuses ceinturent
le mâle heureux d’autant d’intransigeance.
L’amirale interroge et questionne en tirant sur sa pipe.
Et le bel officier lui confie ses tourments. Se met à nu.
Le regard franc, il avoue ses erreurs, prouve qu’il a des tripes.
L’amirale l’apaise d’une caresse au torse. Il doit prêter serment.
Qu’il jure devant elle et aussi devant toutes que sa force,
il la puise à la beauté de l’âme,
Que seules les nobles certitudes guident et éclairent sa route,
Et qu’il persiste et signe à vénérer les dames.


* "Le Dessous des cartes"

(table : vues de dessus et de face)




Ces dames jouent-elles à devenir rivales.
Et le valet au pied avant que d’être de chambre
Pensera t-il au Taj Mahal
En distribuant les cartes d’ambre ?

Sa vie poker l’a mis sur le carreau…
Les brelans flamboyants n’ont pas donné de suites.
L’excès de galanterie dans le chapeau
Est un leurre et parfois une fuite…

Les reines rient, leurs gorges sont des victoires,
Et leurs parfums se mêlent à l’émoi du croupier.
Le bas crissera très haut à l’heure où il faut boire.
Leur gratitude, épicée d’éternel, fortifiera le chevalier.



* "Le Petit Prince sur la planète des Mille et Une Nuits"
(Lampe avec détail de la planète)



- Bonsoir Madame.
- Bonsoir.
- Ce que tu es belle, Madame !
- Merci ! Toi aussi, tu es très beau. Je suis la princesse des Mille et Une Nuits et tu es sur ma planète. D’où viens-tu ?
- Je me suis perdu… C’est de la faute de l’Aviateur et du
Renard… Ils ont tout embrouillé avec leurs histoires…
- L’Aviateur et le Renard ?
- Oui… et puis l’Aviateur,, il s’est fâché tout rouge avec sa clef
anglaise qui s’est bloquée et il a poursuivi le Renard qui rigolait à gorge déployée…
- Ecoute, je ne comprends rien à ce que tu me racontes. Je dois
aller au hammam. Je te confie mes mules à perles… Tu veilleras dessus ?
- Oh oui, Madame ! Elles sont trop jolies ! Et puis elles sentent
si bon ! C’est quoi le hammam, Madame ?
- C’est un très bel endroit, avec plein de très belles femmes
toutes nues…
- Oh ! Je peux venir avec toi, Madame ?
- Non, mon petit bonhomme, je ne peux pas t’emmener…
- Mais pourquoi ?
- Viens m’embrasser...



* "L'Habit de lumière"

(lampe )
"Le Taureau fétichiste"
(collection privée de l'artiste)

"La Yogi "

* "Le Guéridon de la Femme-oiseau"

"L'Alpiniste à la botte"
(détail de l'Alpiniste en haut)



* "La Chatte bottée"

Dangereux, ce coup-là, mon neveu.
Ne compte pas trop sur de gentils ronrons.
En passe de chatte, ce minou, c’est du feu…
Espère, c’est le bon choix. C’est elle qui donne le ton.
Elle t’observe et te jauge peu à peu…
Ne la contrarie pas et oublie tes caprices à la con.
Ecris-lui à la plume, confie-lui le tourment qui t’émeut.
Elle griffera ta page et en supprimera les passages trop longs.
Car elle connaît la quintessence de la chose dont tu n’es que si peu.